Tandis que notre Dauphine nationale évoque dans son article la table des rois, je complète son propos avec la chronique de La Prise de pouvoir par Louis XIV. En effet, c’est peu de dire que le film de Rossellini apporte un éclairage nécessaire sur le concept d’étiquette, conçu comme un élément incontournable dans la stratégie politique du souverain.
Un souverain jeune qui vient de perdre son fidèle ministre Mazarin, sur lequel il se reposait complètement pour gérer une France indocile et frondeuse. Amoureux des plaisirs, ce monarque à peine adulte ne donne guère l’image d’un acharné du travail, encore moins d’un décideur prêt à empoigner le pouvoir. C’est pourtant ce qui va arriver. En 90 minutes d’une narration précise, Rossellini donne à voir la naissance du Roi Soleil, comme aboutissement du concept de pouvoir absolu.
Outre la neutralisation d’Anne d’Autriche, mère aimée mais régente intrusive, Louis XIV va mettre au pas ses ministres et sa noblesse, qu’il va piéger dans les codes de la Cour de Versailles. Soudain les fastes du plus beau château d’Europe échappent à l’aspect esthétique pour devenir des pions sur l’échiquier des relations diplomatiques. Costumes d’apparat, choix des maîtresses, organisation du planning royal, chasses, tout est orchestré pour à la fois dompter l’aristocratie et asseoir la toute-puissance du monarque.
Versailles devient par ailleurs un véritable show-room de la créativité à la française, et ses splendeurs éclairent la force économique d’un pays qui se relève péniblement d’un siècle de guerres pour entrer dans le Classicisme triomphant. Soucieux du détail, Rossellini s’appuie entre autres sur le scénario de l’historien Philippe Erlanger pour assurer une reconstitution fidèle des usages et des rituels d’une Cour en pleine mutation ; Quant à Jean-Marie Patte, il prête ses traits et sa diction aux personnage de ce roi en passe d’entrer dans la légende.
Et plus si affinités
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