Le grand moment que nous eûmes ! Et nous ne nous y attendions guère, reconnaissons-le, en ce début de samedi soir, tandis qu’Étienne Daho arrive sur la scène de la cascade pour entamer le dernier concert de sa tournée. Je me demandais si le petit prince des 80’s aurait encore l’allant, si sa musique teintée de synthés tiendrait la route devant ce parterre de milliers de fans rassemblés.
Femme de peu de foi ! Non seulement Daho fut au rendez-vous, ici comme à Vedra comme il l’a si bien chanté dans Corps et armes, mais il fut grand tout en restant proche. Sur sa set list, ses plus beaux hits, réorchestrés dans un esprit rock appuyé de guitares très british. Élégance du dandy, glamour du poète, énergie du créateur. Le tout porte ses racines artistiques rennaises bien sûr, avec fierté et quiétude.
Ah cette école de Rennes dont nous cueillons les fruits musicaux avec délectation ! Étienne Daho en est l’une des racines les plus solides, les plus fertiles. Il demeure le dépositaire de ce terreau formidable, Marquis de Sade et Stinky Toys n’ayant pas perduré. Un survivant au propre comme au figuré, qui a réchappé d’une péritonite il y a un an. Et cela se sent, dans chaque parole prononcée, dans chaque refrain entonné, dans chaque pas de danse esquissé.
Étienne Daho est en vie, il le goûte, il le savoure, il le dit, le murmure, le fredonne, le clame … ses textes comme ses mélodies le racontent, faisant l’unanimité dans un public où toutes les générations se confondent. Et c’est là, en regardant tous les spectateurs reprendre ses chansons, qu’on mesure la profondeur des traces laissées par ce monsieur dans le patrimoine musical français, à l’égal d’un Gainsbourg ou d’un Bashung.
Pas de tourments, plus de passions, c’est un homme tranquille qui s’amuse avec nous tous, et nous fait danser. Romantique juste ce qu’il faut sans tomber dans la niaiserie qu’affichait la french pop des 80’s, les lyrics ont pris du sens. Je ne sais pourquoi, en regardant Daho se déhancher dans son costume noir, je pense à Dave Gahan de Depeche Mode. Des silhouettes cousines, des registres sinon similaires du moins parallèles, … et une quiétude partagée, propres aux princes des cœurs tranquilles.
Ni consécration, ni avènement, le concert de Daho à Rock en Seine fut une étape de plus vers une forme assumée de plénitude. Pour lui comme pour nous.
Et plus si affinités