Que la musique moderne puise dans la philo, ce n’est pas une révélation. Il suffit d’écouter Astonvilla pour s’en convaincre. Mais que les rockers puissent aider nos chers petits à s’y retrouver dans le sac de nœuds que constituent écoles et courants de pensées, ça pour le coup, c’est pas commun. C’est pourtant le long chemin rédactionnel entrepris par Francis Métivier que de nous en convaincre. En témoignent Rock’n Philo 1 & 2.
Philosophe rigoureux et amoureux du rock
Docteur en philo et enseignant de son état, Francis Métivier sait de quoi il parle, d’autant que quand il ne drive pas ses classes de terminale vers la lumière de l’esprit, il s’adonne aux joies du rock, guitare en pogne au besoin. The Doors, The Who, U2, Pixies, Nirvana, Marilyn Manson, Bashung, je ne vais pas tous les citer, vu qu’il y en a une blinde, auquels Métivier fait référence avec précision et plaisir, en connaisseur rigoureux et amoureux du rock sous toutes ses facettes.
Facettes qu’il explore pour les connecter avec les concepts de liberté, de temps, de langage, d’art… bref tout le programme y passe avec en prime des focales sur les grands philosophes et les textes fondateurs. Et le développement d’une analyse poussée qui l’amène par exemple à avancer :
« Dans quelle mesure le rock est-il un art au sens propre ?
Affirmer la nature artistique du rock implique de dégager celui-ci de deux considérations : 1) le rock est un mode de vie, une attitude sociale ; 2) le rock est un produit duplicable de consommation de masse ».
Rocn’n’roll mais pas bordélique
En d’autres termes, Métivier croise ses deux champs d’expertise de manière à mettre en évidence l’usage du doute et le déclenchement d’une démarche intellectuelle méthodique.Traduction : il donne à ses lecteurs les fondamentaux pour apprendre à réfléchir comme un philosophe avec méthode, le tout en deux tomes qui envoient du bois, avec en leur coeur LA question : comment la musique peut-elle nous faire comprendre la vie et ses mystères ?
C’est fun, c’est frais, c’est rock’n’roll ? Certes mais cela n’est pas le bordel, au contraire. Structuré, illustré d’exemples, le cheminement est tout ce qu’il y a de sérieux, d’exigeant même. Oui, Métivier cause aux ados qui doivent s’appuyer l’épreuve de philo au bac, mais pas seulement ; il cible aussi les vieux briscards qui kiffent AC/DC, les jeunots qui découvrent les vinyles de leurs parents, les curieux qui se demandent ce que fout ce mix improbable entre musique et pensées millénaires.
Objectif : apprendre à penser autrement en se prenant une bonne claque sonore. Chaque morceau analysé est une porte d’entrée vers un thème de philo. C’est pédagogique sans être chiant, fun sans être débile. Et surtout, c’est une vraie mine d’or pour tous ceux qui veulent prouver à leurs parents que, non, écouter du rock à fond dans sa chambre, ça rend pas bête, bien au contraire. Bref, Rock’n Philo, c’est pour ceux qui ont envie de sortir des sentiers battus, d’apprendre en headbanguant, et de se dire que derrière chaque solo de guitare, y’a un peu de Platon qui grince.
Et plus si affinités ?
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