Selon un certain Henri Kissinger s’épanchant dans un numéro du Guardian de novembre 1976, « le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême ». Pour sûr, le célèbre homme politique américain, n’avait pas lu Chems by Zarca, sinon il reverrait ses positions. Ce qui n’est pas forcément une bonne idée du reste.
Chemsex : débauche tendance
Chems donc. Un livre de deux cents pages à la louche où Zède, journaliste adepte de l’underground à la mode Lutèce, du gonzo extrême et des drogues en tous genres, se lance dans l’exploration de la nouvelle débauche tendance, le chemsex. Autrement dit la pratique du sexe sous psychotrope chimique. Un sujet bien chaud, qui oscille entre subculture fascinante et putaclic pour lectorat blasé. Un sujet que Zède, professionnel jusqu’au bout du prépuce, va fouiller dans ses moindres recoins, au figuré et pas toujours au propre. Et cela va foutre sa vie en l’air.
Un récit sur le vif
Ne spoilons pas le fil de ce roman explosif qu’on dévore d’une traite, comme d’autres gobent les cachets du plaisir à longueur d’orgie. Sachez néanmoins qu’il faut le cœur bien accroché pour suivre ce récit d’autant plus corrosif qu’il est réaliste, pour ne pas dire naturaliste. La plume de Zarca n’écrit jamais dans le vide. L’auteur est connu pour mettre les mains et tout le reste dans le cambouis. Du coup, on ne sait jamais à quel point il a donné de sa personne pour insuffler à ses écrits ce côté sur le vif captivant et perturbant à la fois. C’est sa griffe du reste, sa force de frappe.
A lire également :Paname Underground : quand Zarka se tape Flore …
Effet en direct
Beaucoup, dans le sillage d’un article du New-York Times paru en 2020, considèrent l’avènement du chemsex comme une véritable épidémie, d’envergure égale à celle du SIDA. Des mots, des phrases … avec Chems, on descend dans la fosse, on se retrouve en transe, à poil, sentant en direct l’effet des cachetons dans la bouche, les veines, le cerveau, le bas-ventre. On vit la montée … et la descente, en même temps que Zède. Et ça tient plus du train fantôme que du séjour paradisiaque. Car les drogues déclenchant le chemsex n’ont d’aphrodisiaques que le nom.
Baiser, être baisé
Ce sont en fait de véritables poisons, rapidement addictifs, destructeurs du corps, de l’esprit, des relations. Et qui transforme l’humain en animal, mué par une seule motivation : baiser, être baisé. A fond, peu importe avec qui, comment, par quel orifice … un effacement complet de l’individu raisonnable pour devenir un organe génital en chaleur, capable de tout pour atteindre un orgasme faussement sublime car factice. Zarca décrit très bien la manière foudroyante donc le chemsex s’impose, désorganise les vies, le rapport à l’amour.
A lire également :24 heures héro : voir Junkie city et ne pas mourir …
Dépendances et ravages
Bref, se lancer dans le chemsex, c’est assumer un style de vie spécifique, dont peu arrivent à contrôler les débordements évidents. Là aussi, Zarca construit son odyssée étape par étape, évoquant des cas de dépendance toujours plus poussés et effrayants dans les ravages provoqués. Car il ne faut pas se leurrer : s’ils ont en tête d’atteindre le nirvana sexuel, les adeptes du chemsex flirtent avec une menace latente, celle de devenir tout simplement d’irrécupérables junkies en perpétuel manque. Et une fois le point de bascule atteint, c’est game over forever.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus sur le roman Chems de Zarca, consultez le site de l’éditeur Grasset.
Vous pouvez également acheter le livre via Amazonou Cultura.