Les bons groupes, c’est comme les mauvaises herbes, ça ne crève pas. Les Satellites font partie du lot. Après leur spilt en 1994, au terme de 9 ans d’une flamboyante trajectoire inter-stellaire, on les pensait définitivement perdus pour la cause rock. C’étaient mal les connaître.
Du groove et du storytelling
Voilà-t-y pas qu’après une longue errance de constellation en constellation, ils repointent le bout de leur nez dans notre galaxie, avec une nouvelle mouture de la formation, autour des membres initiaux Polo et Jef de Bruges. Et ce n’est pas pour me déplaire, vu que j’ai passé ma vie d’ado avec Du Grouve et des souris dans les oreilles, embrayant ensuite sur Riches et célèbres, Pied orange, 4. Autant de magnifiques trophées accrochés fièrement au fronton du rock alternatif à la française, tel qu’il a rayonné sur notre système solaire dans les années 80/90, et qui continuent de passer en boucle sur mon lecteur MP3.
Il faut avouer qu’il y a du gros level. Une formation musicale vraiment digne de ce nom, des constructions mélodiques virtuoses, un savant mélange de rock, de punk et de funk, une section cuivres à se damner, un bassiste d’exception, un chanteur à la voix de titi parigot, une p’tite choriste déjantée, une gratte de furie, une batterie fiévreuse … et des textes, les mecs ! Oui des textes, des histoires, en apparence surréalistes, en fait très aiguisées, avec un véritable sens de la punchline, un univers, une manière particulière d’amener les choses. une véritable leçon de story telling. Et un sacré sens critique.
La compilation Rétrofusées
Dixit « Les situations claires » qui racontent les amours d’un obsédé de l’optimisation fiscale, « Un attentat » qui revient sur le climat anxiogène lié au terrorisme, « Les petites voitures » qui se moquent de notre rapport à l’automobile, « Les américains» qui tournent en dérision l’égo des USA, « Les grandes familles » qui tape sur les dynasties industrielles, « Les idées faciles d’accès » qui dénoncent le racisme rampant … Et au moment où j’écris ces mots, en réécoutant chaque morceau cité, une évidence : ces paroles collent à notre actualité, elles seraient presque prémonitoires, c’en est effrayant !
Bref, il était que vous remontiez au créneau, les gars, parce qu’on a grandement besoin de votre verve, de votre regard acerbe sur une société qui s’est largement décomposée depuis 1995, année où vous avez disparu des radars. Vous venez de refaire surface, avec la compilation Rétrofusées, une trentaine de vos chansons emblématiques parmi lesquelles je vois se glisser « Yaourt saucisson révolution » qui célèbre le bicentenaire à sa façon mais qui n’a finalement pas pris une ride et pourrait bien dicter vos thèmes futurs. Car rassurez-moi, vous allez réinvestir un studio ? Refaire des albums ? Écrire de nouveaux textes ?
Le monde a besoin de vous, les mecs, vous êtes The Enterprise !!!!!! Il y a un univers à sauver !!!! Des idées faciles d’accès à combattre ! Un paysage culturel français à ressusciter ! Des gens à faire danser et penser en cadence, même avec la distanciation sociale ! Bref chers Satellites, je concluerai ainsi : LACHEZ-VOUS !!!!!!!!!!
Et plus si affinités