Ceux qui doutent encore que les Anglais excellent dans la série TV, sortez ! Tout de suite ! Bande de mécréants, n’avez-vous pas visionné Bodyguard ? Eh bien vous devriez, et en urgence !!! En six épisodes, Jed Mercurio accouche d’une intrigue à vous tordre les boyaux, un suspens ultra haletant, une mécanique hautement addictive. Bref, un petit chef-d’œuvre du genre.
Syndrome posttraumatique et complot politique
Oubliez donc le film de 1992, cette bluette guimauve purement 90’s entre Kevin Costner et feu Whitney Houston. Là, on ne rigole plus. Bodyguard 2018 pénètre direct dans le dur dès les premières minutes avec une séquence d’anthologie qui renvoie le déplorable 15h17 pour Paris à ce qu’il est : un dérapage niaiseux. On est d’entrée plongé dans le bain, avec la tête maintenue longtemps sous l’eau. Torture psychologique et focale immédiate sur le héros de la série, David Budd, ancien de l’armée, rescapé de l’Afghanistan, courageux, efficace, doté d’un solide syndrome posttraumatique qu’il refuse de gérer.
Propulsé garde du corps de la Secrétaire d’État à l’Intérieur, David pénètre soudain les clivages politiques et les querelles de palais, les manips politiques sur fond de terrorisme. Bref une ambiance de merde pure. Au centre de cette tourmente nauséabonde, une stratégie nébuleuse qui a tout du complot politique visant à mettre en péril la démocratie ? On s’interroge avec David qui observe les mutations à l’œuvre depuis son point de vue de sous-fifre. Sous-fifre, mais pas con. Le pauvre garçon se retrouve au cœur du cyclone et va devoir batailler pour survivre au sens premier du terme.
Histoire rocambolesque et rythme suffocant
Avec Richard Madden échappé de Game of thrones pour endosser le premier rôle, Thomas Vincent et John Strickland comme réalisateurs, la BBC s’offre ici un plein succès avec une pointe d’audience à 11 millions de spectateurs pour regarder les cinq dernières minutes de cette saga qui hybride La Mémoire dans la peau (Budd a tout d’un Jason Bourne britannique), Le Bureau des légendes (oui, nous aussi, on est bon dans le genre quand on veut), Black Mirror et Occupied. Le tout immanquablement évoque les intrigues de Ian Fleming … ou Shakespeare. Carrément. Et embrasse la question sécuritaire d’un œil assez surprenant, mais pour le moins pertinent.
Et particulièrement dangereux. Les protagonistes de Bodyguard en prennent plein la tête, au propre et au figuré, et le spectateur de suivre ce jeu de massacre d’un air effaré, proprement conquis par les péripéties qui s’enchaînent, le rythme suffocant qui se dégage de cette histoire rocambolesque, mais finalement assez plausible, filmée dans une atmosphère bleutée et froide, où la chaleur n’a pas de prise. Que dire de plus ? Faites du bien à vos yeux et vos cerveaux, visionnez ce petit bijou et prenez une leçon de narration.
Et plus si affinités