Dans la guerre des séries qui fait actuellement rage, c’est à celui qui dégainera LE cocktail capable de capter l’attention particulièrement diluée des spectateurs et de fidéliser une fanbase suffisamment motivée pour miser sur une saison 2 rentable. Pas évident face au tsunami de productions déversées sur nos écrans. Dernier en date dans ce marathon de la gloire éphémère et pas toujours de qualité, Cœurs noirs boostée par Prime Video tire son épingle du jeu avec une formule éprouvée et une certaine classe. Explications.
Traque de djihadistes et exfiltration familiale
Cœurs noirs donc, ou les aventures d’un commando des forces spéciales françaises en pleine bataille de Mossoul. Nous sommes en octobre 2016, en Irak. Sous les ordre du colonel Roche (Thierry Godard), Martin (Nicolas Duvauchelle) et ses hommes, des combattants expérimentés, traquent les djihadistes. Missions : neutraliser les membres de Daesh opérant sur le terrain, récupérer des informations pour éviter des attentats.
Il a donc largement de quoi faire. Et la capture surprise de Zaïd (Moussa Maaskri), un gros bonnet de l’État Islamique, va alourdir considérablement la tache du commando. Ce ponte va en effet monnayer d’importantes données contre l’exfiltration de sa fille et de son petit-fils, retenus par son gendre, un fanatique aux dents longues et au coup de feu facile. À partir de là, la course contre-la-montre est enclenchée. Car récupérer madame et son rejeton en territoire hostile va s’avérer très compliqué.
Une série adoubée par l’Armée française
Normal, sinon il n’y aurait pas de scénario, pas d’intrigue, juste un reportage sur le quotidien des forces spéciales, dans l’esprit de la récente exposition du Musée de l’armée. Très bien documenté, réalisé avec autant de dynamisme que de précision par Ziad Doueiri à qui l’on doit, entre autres, Baron noir et Dérapages, ce récit naturaliste est scénarisé par deux anciennes de la série Le Bureau des légendes, Duong Dang-Thaï et Corinne Garfin.
Un scénario adoubé par les responsables du Commandement des Opérations Spéciales, tandis que la préparation des acteurs a été dévolu au 13e régiment de dragons parachutistes. Armement, méthodes, mental : renseignés à la source, metteur en scène et comédiens ont donc travaillé à restituer l’atmosphère très particulière de ces interventions dangereuses qui exigent organisation, sang-froid et esprit d’équipe, mais durant lesquelles tout peut très vite déraper.
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Des hommes… et des femmes
Ce qui ne manque guère d’arriver plusieurs fois du reste au fil de ces six épisodes menés tambour battant, sans trop laisser de place aux intrigues secondaires et aux états d’âme, que, de toute façon, ces professionnels n’ont guère le droit d’exprimer. Pas de psy pour s’épancher, éloignement des proches, stress permanent, la technologie a beau améliorer le quotidien, nos soldats d’élite n’en sont pas moins des hommes… et des femmes.
Adèle la commandante (Marie Dompier), Sab la snipper (Nina Meurisse) : des dames décidées et expertes, qui n’ont rien à envier à ces messieurs et qui pourraient bien susciter des vocations parmi l’audience féminine. Est-ce l’objectif secondaire et inavoué de cette fiction flirtant avec le documentaire que d’attirer les jeunes recrues en explorant la modernité de la Grande Muette, plus si muette que ça, et bien décidée à améliorer sa communication et son image ? En tout cas, l’idée est, par un récit vraisemblable, de jouer la transparence, sans rien cacher des aléas de la fonction.
Coeurs noirs joue le jeu, avec à la clé six épisodes impeccables et réalistes. Exit les grosses explosions, les flingues brillant dans le soleil et crachant des flammes, on joue ici sur la discrétion, le silence et la précision, ne serait-ce que pour ne pas se faire trouer la peau. Très factuels, un peu à l’image du film Novembre dans la volonté d’une narration en urgence, ces chapitres se laissent voir sans problème… et appellent une suite, cliffhanger oblige !