Cela bouge pas mal du côté des séries françaises, avec ARTE en première ligne pour promouvoir des intrigues décalées, des projets hors normes. Hors normes, mais ô combien savoureux. On a eu droit à Kim Kong, De grâce, Polar Park, Les Papillons noirs. Place à Machine qui s’impose comme une pure dinguerie d’hybridation, une lecture kungfu inédite et percutante de Marx et de la lutte des classes.
Combattre en mode machine
Le pitch ? Un régal. Machine, c’est le surnom d’une petite nana surgie de nulle part avec ses dreadlocks, ses tatouages et ses démons. On ne sait pas trop son nom ni d’où elle vient, mais on comprend vite qu’elle n’est pas du genre à se laisser faire. Car Machine est une experte des arts martiaux.
Et c’est ce qui justifie un peu plus son surnom. Quand elle combat, elle est en mode machine. Et combattre, elle va en avoir l’occasion tandis qu’elle revient dans sa ville natale, pour trouver sa mamie sous une pierre tombale et l’usine qui l’embauche comme intérimaire menacée de délocalisation.
Marx à coups de lattes
Alcoolo, traumatisée, Machine va remettre de l’ordre dans sa vie au contact de J.P., Cet ouvrier ex-toxico et grand fan de Karl Marx lui redonne le goût des bonnes choses et de la camaraderie à force de course de vélo et de lecture du Capital. Et Machine de mettre les enseignements de Marx en application directement sur le terrain.
À grands coups de lattes dans le cul des profiteurs en tout genre, qu’il s’agisse des flics qui bastonnent les piquets de grève, des militaires qui la traquent ou des sbires un brin mafieux d’u’un patron coréen qui ne s’embarrasse guère de législation. L’ensemble nous vaut une série de combats énergiques talentueusement chorégraphiés, filmés avec un sens graphique appréciable qui saisit la rétine et ne la lâche plus.
Un cocktail explosif !
Voilà donc le topo, et croyez-en votre humble servante, c’est carrément jouissif, avec des références multiples aux films de Bruce Lee, à Nikita ou Kill Bill, mais aussi à l’univers de En Guerre ou Ressources humaines. Le cocktail, explosif, est concocté de main de maître par le réalisateur Fred Grivois à qui l’on doit par ailleurs le trépidant L’Intervention et qui fait d’ailleurs une petite apparition dans la série aux côtés de Margot Bancilhon, Léonie Simaga, Anne Benoît, Guillaume Labbé et un certain JoeyStarr absolument craquant en adepte de Marx et de l’autogestion.
Ajoutons une B.O. juste tripante, un travail de l’image au scalpel qui évoque, qui les anime japonais, qui les plans de Ken Loach, des répliques bien senties, un montage frénétique, une ironie mordante, la volonté de faire acte d’éducation populaire en rapprochant bases de la revendication sociale et sagesse des arts martiaux : et vous aurez une trop vague idée encore de ce que représente Machine. En d’autres termes, regardez la série, faites-vous une opinion et commencez la révolution !
Et plus si affinités ?
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