Ne nous le cachons pas, Hatufim nous a profondément emballés ! A tel point que nous avons fouillé un peu plus dans la production sérielle israélienne afin d’y trouver d’éventuelles pépites de même portée. Mission accomplie avec l’excellent Téhéran.
Une société fracturée
Le pitch de ce petit joyau : agent spécial du Mossad initiée à l’espionnage et hackeuse de haut vol, la transfuge Tamar Rabinyan doit retourner dans son Iran natal sous une fausse identité pour exfiltrer une opposante, et permettre la neutralisation d’un site nucléaire militaire par l’aviation de Tsahal. Seulement voilà : dés les premières minutes, la mission capote. Et la belle se retrouve isolée et traquée par la police politique dans les rues de Téhéran où elle retrouve ses racines … ce qui ne facilite guère les choses, bien au contraire.
Pendant huit épisodes haletants, nous suivons cette jeune femme dans un univers que nous découvrons en même temps qu’elle et qui révèle bien des surprises: le poids coercitif des mollahs, la surveillance perpétuelle des Gardiens de la Révolution, une société fracturée entre intégristes fanatiques et opposants progressistes, une culture d’une incroyable richesse corsetée par les diktats religieux, et des êtres humains qui tentent de trouver leur place comme ils peuvent dans cette dissonance cognitive perpétuelle.
Une étincelle d’humanité
Très vite, ce n’est plus tant la mission de Tamar qui importe, que cette plongée dans un monde pétri de contradictions, mais hypnotique par son énergie, son authenticité. Très subtilement, le showrunner Moshe Zonder, beaucoup plus nuancé que dans le fonceur et très explosif Fauda, profile des personnages particulièrement riches d’émotions discordantes et de convictions qui vont s’effriter petit à petit (les interprètes sont d’ailleurs sidérants de justesse). Même si les méthodes sont abjectes de part et d’autre, aucun n’est à blâmer finalement, dans ce conflit qui a perdu son sens au fil des années.
Parce que tous possèdent encore une étincelle d’humanité, d’amour. Et c’est ce qui surprend : exit l’image de l’agent du Mossad ultra-investi, du méchant fanatique… Téhéran est une ville où on flique et on pend, mais c’est aussi une cité de la création et de la passion. Le suspens, la tension, le risque se superposent aux enjeux géopolitiques pour interroger la place de l’individu dans ce chaos. Une place minimisée… jusqu’à ce que l’on en décide autrement. Et là, c’est l’inconnu qui nous laisse du reste sur un cliffhanger final assez insupportable.
Prions que la saison 2 de cette trépidante série d’espionnage soit mise en chantier pour continuer ce magnifique récit, et nous secouer aussi efficacement que ce premier chapitre flamboyant.
Et plus si affinités
Vous pouvez voir la saison 1 de Téhéran sur Apple TV.