«Prions que la saison 2 de cette trépidante série d’espionnage soit mise en chantier pour continuer ce magnifique récit, et nous secouer aussi efficacement que ce premier chapitre flamboyant». Rappelez-vous : c’était la conclusion de notre chronique dédiée au premier chapitre de la série Téhéran. Nous venons justement de boucler le visionnage (très attendu) du second volet et avouons-le, nous avons vibré à chaque seconde.
Une vengeance expéditive
Pour mémoire, le premier acte des mésaventures de Tamara Rabinyan (excellente Niv Sultan) en Iran avait été l’occasion de vivre un suspense intense doublé d’une plongée dans une société verrouillée par les mollahs ; avec ce second acte, le sillon se creuse un peu plus. Planquée quelque part dans Téhéran avec son chéri, Tamar continue à œuvrer pour le compte du Mossad. À ses trousses, l’inépuisable Faraz Kamali (Shaun Toub, splendide) qui reprend du service après une période de mise à pied. La course poursuite reprend de plus belle, avec à la clé la vengeance de la fougueuse espionne dont on pend la tante en guise de représailles.
Vengeance pour le moins expéditive : le but est de liquider ni plus ni moins qu’un général en passe de prendre les rênes du pays. Encore faut-il l’approcher, ce qui n’est guère évident. Il va falloir ruser, séduire, corrompre, manipuler, menacer. C’est ici qu’intervient la nouvelle responsable de Tamar, une psychiatre britannique veuve d’un intellectuel iranien, la redoutable Marjan Montazeri, (interprétée par une Glenn Close au mieux de sa forme et qui nous propose une composition à inscrire dans le sillage de ses succès, Liaison fatale et Les Liaisons dangereuses). Question : Tamar l’indomptable va-t-elle se laisser guider par pareille supérieure ?
Téhéran : une série d’espionnage aussi énergique qu’émouvante
Une série de très belle facture
La confrontation va pour sûr faire des étincelles, d’autant que Tamar, amoureuse, entraîne son cher Milad (Shervin Alebani, parfait) dans ses frasques, ce qui ne réjouit guère le jeune hacker obligé de s’initier en accéléré aux réalités du métier d’espion. Passons sur les nombreux rebondissements et retournements de situation qui émaillent ce récit trépidant où on n’arrive plus trop à déterminer qui est gentil, qui est méchant, qui a raison, qui a tort. Ce qui est évident, c’est que Moshe Zonder et sa team nous servent un programme de très belle facture, dont la tension s’accentue d’épisode en épisode, sans jamais se relâcher.
L’ensemble est d’une grande qualité, tant au niveau de l’intrigue que de la cohérence et du rythme. On apprécie, outre l’interprétation sans faute des acteurs, le punch des dialogues, le travail des images (le dernier épisode est une symphonie en noir assez impressionnante) et des cadrages, le choix des musiques. Le tout offre une exploration aussi hypnotique que dérangeante des arcanes d’une jet set iranienne vouée à tous les plaisirs et toutes les manipulations. Jeunesse dorée prompte aux fêtes délirantes, dirigeants adeptes de voitures de course, villas somptueuses où règne la corruption et la drogue… la fracture est évidente avec les milieux populaires, les purs et durs comme Farad.
C’est là que la série Téhéran se distingue, en donnant à voir, derrière une histoire d’espionnage très bien tournée, les clivages d’une société très violente, qui s’affiche comme très religieuse, mais qui au final se ment à elle-même. Quel avenir pour une passionaria comme Tamar, un incorruptible comme Farad ? Antagonistes, ces deux personnages ne sont peut-être pas si éloignés l’un de l’autre. C’est ce qu’on vérifiera dans une saison 3 qu’on attend avec encore plus d’impatience que la 2.
Et plus si affinités
Vous pouvez voir la saison 2 de Téhéran sur Apple TV.