Convaincre qu’on peut assumer un live complet : telle est l’équation à la clé d’un show case réussi. Les règles sont claires : il faut aller droit au but. La moindre hésitation et c’est, sinon mort, du moins mal barré. Il faut donc se préparer, agir en conséquence. Pour taper dans le mille, la stratégie doit être élaborée, et pas qu’un peu. Il faut prendre en compte le « pendant » et l’ « avant ». Petite fiche méthodologique ?
Pendant le showcase
Il y a quatre axes à prendre en compte.
Qualité et planification
• Une setlist percutante : Le temps imparti pour un showcase étant court (environ 20 à 30 minutes), chaque morceau doit être soigneusement sélectionné pour captiver. Varier les rythmes pour maintenir l’attention, multiplier les styles pour ne pas donner une impression de confusion : la setlist, c’est une logique en soi.
• Un son impeccable : une évidence, me direz-vous. Technique maîtrisée, répétitions en amont pour éviter les soucis techniques : le public professionnel attend une prestation où la musique est mise en valeur, donc pas d’excuses pour un son approximatif ou des réglages bâclés. Un ingénieur du son compétent peut faire la différence dans ce contexte (en principe, on a ce qu’il faut au MaMA, mais ce n’est pas forcément le cas sur d’autres events).
• Un visuel travaillé : Pas évident quand on manque de place, d’équipement et de temps. Exit les gros effets, on mise sur la scénographie, les lumières tant qu’on peut, l’apparence. Le look et l’attitude doivent refléter la personnalité du musicien et renforcer l’identité mélodique. Cela contribue à rendre la prestation mémorable et distincte des autres.
• La gestion du timing : Un showcase est chronométré, il faut donc respecter le temps imparti. Rien de pire que de déborder ou de terminer en urgence un morceau ; un set bien préparé et minuté montre le professionnalisme de l’artiste et permet de conclure sur une note forte, sans donner l’impression d’une performance inachevée ou précipitée.
Attitude et interactions
• Des interactions marquantes : le temps étant compté, il faut limiter les discours entre les morceaux. Mais quelques phrases bien placées pour introduire un morceau ou remercier l’audience peuvent marquer des points. Ces interventions doivent concises, directes, alignées avec l’univers de l’artiste. Pas de longs monologues, juste ce qu’il faut pour créer une connexion et laisser une impression forte.
• Une entrée en scène notable : Dans un showcase, l’introduction est cruciale. L’artiste doit rapidement s’imposer. Il ne s’agit pas seulement de jouer de la musique, mais de faire une entrée qui impose le respect, donne le ton, montre que l’artiste est là pour en découdre. Un bon showcase ne laisse aucune place à l’hésitation ou à la timidité.
• Une attitude authentique : Primordial ! Il faut être authentique, charismatique, capable de créer une connexion avec l’audience, même devant des professionnels qui peuvent parfois sembler distants. L’énergie, la présence, la capacité à engager le public, sont des facteurs clés.
• Un engagement total : Même si le public, composé de professionnels, peut sembler moins enthousiaste qu’un public de concert classique, l’artiste doit donner tout ce qu’il a. Un showcase doit être une performance complète, avec la même intensité qu’un grand concert. Les pros de la musique sont attentifs à l’engagement de l’artiste : ils veulent voir s’il est capable de maintenir une intensité émotionnelle et une énergie scénique, même dans des conditions restreintes.
Mindset et équilibre
• Une préparation mentale solide : Les showcases peuvent être stressants ; l’artiste doit donc être préparé mentalement, prêt à affronter ce stress, à transformer cette pression en énergie positive. Une bonne préparation mentale permet de rester concentré, de garder le contrôle et de faire face aux imprévus.
• Un suivi au cordeau : Un showcase ne s’arrête pas à la performance. Le suivi est crucial : discuter avec les professionnels présents, recueillir leurs impressions, distribuer des cartes de visite, et entretenir les contacts. C’est l’occasion de nouer des relations qui peuvent se concrétiser en contrats, dates de concerts, ou collaborations futures. Ce suivi montre que l’artiste (et son équipe) prend sa carrière au sérieux.
Avant le showcase
Bon, tout ça, c’est très bien, mais si vous lisez un peu entre les lignes, vous avez compris qu’on n’obtient pas un showcase de qualité si on n’a pas bossé en amont. Cela implique plusieurs choses.
• Avoir une identité artistique marquée : Dans un environnement comme le MaMA où les showcases s’enchaînent, il est essentiel que l’identité artistique soit immédiatement reconnaissable. Il faut que l’image, le son, l’attitude sur scène soient distincts et cohérents. Que ce soit par le style musical, le look, ou la mise en scène, il est important de créer un univers unique. Un artiste qui sort du lot visuellement et musicalement a plus de chances d’attirer le regard dans un environnement concurrentiel.
• Miser sur l’originalité : Sortir des sentiers battus, différer des performances habituelles, c’est forcément se démarquer. Cela peut porter sur la scénographie, l’interaction avec le public… ou simplement en demandant à un autre artiste plus connu de venir jouer sur un morceau.
• Choisir un lieu stratégique : Difficile dans le cas du MaMA où on n’a pas la main sur la prog, mais dans d’autres cas, tout à fait envisageable. Certains endroits sont plus facilement accessibles, plus populaires, ont une ambiance particulière qui peut attirer les professionnels. Bref, il faut en tenir compte.
• Communiquer en amont : La bataille commence bien avant de monter sur scène. Il est crucial de faire parler de son showcase le plus tôt possible. Utiliser les réseaux sociaux, contacter directement des professionnels clés, s’assurer que les gens savent que le showcase a lieu, tout cela peut faire la différence. L’idée est d’anticiper l’affluence en générant de la curiosité et du buzz à l’avance. Il ne faut pas hésiter à balancer du teaser (des extraits de répétitions par exemple), envoyer des invits aux pros avec lesquels on aimerait travailler, mobiliser sa fanbase et ses contacts.
• Distribuer des éléments physiques : carte de visite, flyer, QR code, vinyles, goodies, CD, il faut prévoir de donner au public présent des éléments tangibles qui vont prolonger l’expérience, laisser une trace concrète, surtout dans un festival où les professionnels assistent à de nombreux événements et peuvent facilement vous oublier.
Rendre son showcase attractif, cela s’anticipe, se prépare, s’évalue. Il va falloir laisser une empreinte unique, que ce soit par l’authenticité, l’énergie, ou une expérience hors du commun. La crédibilité et le potentiel d’un artiste aux yeux de l’industrie en dépendent. Préparation méticuleuse, prestation énergique et authentique, attention aux détails techniques et scéniques. L’objectif est de donner envie : c’est le plus dur, mais aussi le plus exaltant.
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