Alors qu’en est-il de la mini série de Jim Field Smith, diffusée actuellement sur ARTE en mal de feuilletons britanniques ? Eh bien ma foi, Stag fait honneur à la réputation des showrunners de sa très gracieuse majesté, à l’humour noir et aux polars britanniques. Explications.
Affreux jojos
Le titre fait tout : « stag » désigne à la fois le cerf et l’enterrement de vie de garçon. Et c’est sur ce double sens que va capitaliser Jim Field Smith, avec un sens évident du rebondissement, du gore et de l’excès. Un petit coup de pitch s’impose. Johnners est embarqué par sa bande de potes pour une partie de chasse paumée dans les Highlands d’Écosse, où, tout habillé qu’il est dans sa combinaison de cerf en moumoute rose, il dira bye-bye à sa vie de célibataire. Seulement voilà : les choses ne se font jamais simplement. Invité par défaut pour compenser l’absence d’un des copains, son futur beau-frère, déboule sous l’orage, habillé en smoking avec sa valise à roulettes. Pour évoluer dans la boue des forêts, il y a mieux.
Ce prof de géographie n’a rien à voir avec les amis du futur marié, tous issus de la finance et d’affreux jojos imbus d’eux-mêmes par dessus le marché ; il se fait donc immédiatement chambrer, ce qui ne va pas arranger l’ambiance. Embarqués en 4×4 pour rallier le pavillon de chasse, nos zozos sont abandonnés par leur guide, excédé de leurs facéties. Les voici campant au milieu de la toundra, avec les moyens du bord et dans une ambiance de plus en plus lourdes. Et comme pour en rajouter, l’un d’entre eux se fait buter de la pire des manières devant les autres, totalement impuissants.
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Dézingage en règle
C’était déjà le bordel, là c’est carrément la panique, avec repli en désordre dans la cambrousse, des smartphones en rideau, pas de carte … bref la débandade … et la liste des victimes qui s’agrandit, de façon aussi spectaculaire que sanglante. Mais qui peut bien les traquer avec autant de méthode et de rage ? Et pourquoi ? Vous vous doutez bien que la surprise sera au rendez-vous, et la solution du rébus beaucoup plus complexe ; normal pour un compatriote d’Agatha Christie et Conan Doyle, me direz-vous.
Quant à l’ambiance, on évolue entre Délivrance et Dog Soldiers, avec une pincée de Trainspotting et beaucoup, beaucoup d’humour très noir, le tout saupoudré d’une pincée de critique sociale. Car il faut bien le reconnaître, nos héros sont des sales types, pourris de fric au-delà du supportable, et incapables de se tenir les coudes, ce qui fera en grande partie leur malheur, qui de toute façon est programmé bien en amont de cette virée ridicule en mode survival. Bref on serait presque content d’assister à ce dézingage en règle.
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Ce qui nous vaut un lot assez conséquent de situations débiles, de répliques hilarantes, un détricotage des apparences juste savoureux et une avalanche de morts ultra-violentes, sanglantes … bref c’est juste jouissif, d’autant que les acteurs sont en mode survoltés et se laissent emporter dans ce torrent avec virtuosité. A voir donc pour ne plus jamais envisager un enterrement de vie de garçon en Écosse. Et vous passer définitivement l’envie de partir chasser le cerf.
Et plus si affinités