Bourgeois inepte et suffisant, Perrichon décide de passer ses villégiatures avec bagages, femme et fille sur les pentes alpines du Mont Blanc. Dans son sillage deux amoureux transis qui convoitent la main de l’héritière en séduisant le père à grands coups de flatteries. Un léchage d’arrière train en règle, que le vaudevilliste Labiche se délecte à dépeindre avec virtuosité, écornant au passage la société de son temps.
De cette délicieuse ironie, Eric Lavaine fait un téléfilm accrocheur, dont le scénario adapte les répliques initiales avec beaucoup d’à propos et de bon sens. Le mordant de l’original demeure, prend même une saveur supplémentaire dans des décors naturels qui auraient pu perdre l’intrigue. Au contraire, l’air de la montagne sied aux interprètes, menés par un Didier Bourdon pour qui le rôle titre semble avoir été taillé sur pièce, mais qui néanmoins ne dévore pas l’espace de ses camarades de jeu.
Paysages colorés, costumes superbes, décidément on aime, car cette approche raccorde l’histoire initiale à notre époque, et même Madame Perrichon (excellente Nathalie Cerda), ici présentée comme une adepte des relations adultères en série, ne choque pas dans le tableau, bien au contraire. Femme volage, mari aveugle, vanité des comportements, si la comédie de Labiche fait rire aux éclats, sa version télévisée n’est pas en reste. Le genre de programme qualitatif qu’on aimerait voir bien plus souvent.
Et plus si affinités
http://www.france3.fr/emission/le-voyage-de-monsieur-perrichon