Autant le reconnaître d’entrée, on ne misait pas grand chose sur le nouveau film de Quentin Tarantino. La faute sans doute à quelques déceptions, des promesses cinématographiques pas toujours tenues depuis Kill Bill. Et puis, un léger agacement, devant la pose du réalisateur et scénariste s’agitant pour être sûr de bien incarner le « dernier grand cinéaste classique américain de notre temps ». Dernières accroches pour être vraiment dans le coup post-moderne : des projections en 70mm rares et recherchées avec 8 minutes d’images inédites, une musique originale composée par Ennio Morricone …
Pourtant, The Hateful Eight va, en quelques minutes d’ouverture, de générique et plusieurs chapitres suivants, nous plonger dans un enfer blanc qui s’éloigne des ricanements et rassure un tant soit peu sur son auteur. Et ce sont justement les arguments de promotion du film cités plus hauts, qui permettent au film d’installer une véritable ambiance. La photo signée Robert Richardson est effectivement renversante, dans le Wyoming enneigé ou en intérieur. La partition de Morricone parvient quand à elle à immortaliser le film grâce à un seul thème, menaçant et efficace.
Cette part de création partagée, n’a peut-être pas valeur de critique, mais vient quand même perturber l’image d’un metteur en scène tout puissant,un peu perdu dans ses certitudes pleines à craquer de références. Si la filmographie de Q.T. a souvent été soignée, stylée, il y a du nouveau ici. Un soucis de fabrication qui va au-delà de la maniaquerie, du détail d’époque. Mais aussi une signature, des influences, références et un jeu de massacre à lecture politique de plus en plus affirmé.
On peut désormais parler de recette habituelle pour le cinéaste, en reconnaissant que The Hateful Eight, dans son registre de western sanglant, se défend plutôt bien. Sans évoquer son intrigue ou ses influences, et avec la complicité des comédiens, qu’on peut envisager cabotins ou impliqués (le talent de Jennifer Jason Leigh et Walton Goggins viennent immédiatement à l’esprit), ce huitième film de Tarantino aussi outrancier que teigneux, ressemble à un retour plaisant aux affaires.
Et plus si affinités
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