Ordinairement ce sont les femmes adorées qu’on couvre de bijoux. Mais à Naples c’est un saint : San Gennaro, Saint Janvier, martyr sous le règne de Dioclétien, devenu saint patron de Naples au XVIeme siècle suite à une série de guerres et d’épidémies de peste.
Histoire peu commune que cette love story mystique, contractualisée devant notaire, engageant les napolitains à constituer un trésor superbe pour honorer leur protecteur si il leur épargnait les conflits, les maladies et les colères du Vésuve. Nous sommes en 1527, l’esthétique baroque commence à germer dans le regard des européens, et le culte de ce saint pas comme les autres en portera les démesures.
Car les napolitains vont tenir parole, et financer des merveilles d’orfèvrerie et de joaillerie, sous la férule de la Députation, organisme laïque composé de dix membres de la noblesse et de deux issus du peuple, en charge de veiller sur ces fabuleuses richesses, garantes du mystère et de la puissance de l’Elu.
La chose est vitale : trois fois par an, comme une preuve de la satisfaction du saint et de sa bienveillance, son sang recueilli il y a des siècles dans deux ampoules, se liquéfie aux yeux des fidèles. Et c’est un moment essentiel dans la vie de cette ville aux splendeurs révolues, dont les richesses et les beautés ont de tout temps du se protéger des périls du volcan et des convoitises des puissants.
L’exposition proposée par le musée Maillol, en explorant ce mythe et cette relation, met à nu l’un des traits dominant de la pensée napolitaine tout en s’interrogeant sur ce qui fait la force d’une croyance. En contemplant les objets superbes qui s’offrent dans tout leur éclat, on saisit toute la logique de la Contre Réforme, mouvement d’envergure lancée par le catholicisme pour reconquérir les ouailles passées au protestantisme.
Eblouir et rassembler les hommes en ravissant le saint : constellée de 198 émeraudes, ornée du rubis baptisé “la lave du Vésuve” tant il rougeoie avec intensité, la mitre de San Gennaro réalisée en 1713 par Matteo Treglia résume cette ferveur partagée par tous, grands ou humbles, au travers des époques, des joies et des malheurs. Dans cette cité si miséreuse, personne n’aurait l’idée de dérober ce qui appartient au sacré.
C’est cette retenue respectueuse qui ici transparaît, traçant le cercle des mystères de la foi.
Et plus si affinités