C’est marrant le hasard … et ce qu’on en fait (credo artchemisien s’il en est) … alors que je me retape l’intégrale Costa Gavras, à la faveur d’une rediff d’ Un homme de trop, l’album de El Comunero me tombe dans les esgourdes. Et Son de la barricada résonne en écho avec les images que je visionne, l’actualité qui envahit nos écrans, la tradition de la protest song.
C’est qu’on parle beaucoup de résistance, de corruption, de révolution ces temps derniers. En parler est une chose, agir en est une autre. Endossant un rock mâtiné de klezmer deci, de latino spirit delà, de punk partout, avec du flamenco tout autour, le combo de Tomas Jimenez remet à l’honneur les rythmes endiablés et revendicatifs de La Mano Negra à ses grandes heures, Neruda et Garcia Lorca au coeur et en tête. Au centre des textes, des thèmes qui se recoupent étrangement : hommages aux brigadistes partis soutenir les républicains pendant la guerre d’Espagne en 1936, références au soulèvement populaire d’Oxana au Mexique, beaucoup plus récent puisque daté de 2006 : en 70 ans rien n’a changé ? On dirait bien …
Alors que nous célébrons les 146 ans du début de la Commune de Paris, El Comunero (nom inspiré du parcours de guérillero du grand père de Jimenez) évoque cette récurrence du désir de la liberté, de la capacité du peuple à s’organiser, se prendre en main et en charge, en dehors des élites et des puissants qui désirent lui mettre le grappin dessus et l’assujettir à leurs directives. On imagine la peur panique que cette capacité d’autogestion engendre chez les dominants qui n’hésitent pas à user de la violence la plus abjecte pour rétablir un ordre qui protège leur suprématie inique.
A l’heure où la signification du socialisme est profondément remise en cause, vampirisée proprement par les parasites du libéralisme et de l’inégalité, où les valeurs de la gauche sont malmenées par la tempête politique et médiatique, El Comunero replace les pièces sur l’échiquier avec fougue et fermeté. Anarchiste dans le sens exact du terme, le groupe, composé de membres des Hurlements d’Leo, d’Anakronic et d’Electric Geisha, intervient à point nommé, pour exploser ce contexte nauséabond et prouver que les artistes demeurent le dernier rempart de sagesse et d’exactitude face à l’hypocrisie et la bêtise.
Et plus si affinités