Cher lectorat que j’aime, laisse-moi te présenter Ina Ich :
Voilà maintenant que tu t’es pris son dernier single en pleine tronche, tu auras saisi que la dame n’est pas excessivement commode ni des plus quiètes. On peut même dire que la geisha frémit comme de la lave incandescente sous une fragile croûte de basalte, et qu’il en faut probablement très peu pour qu’elle colle son katana dans la figure du moindre importun.
Geisha ? C’est tomber un peu vite dans le cliché et nier les origines annamites de la dame. En effet le patronyme du groupe signifie « vacarme » en vietnamien, un vacarme intérieur que la chanteuse et leader Kim-Thuy Nguyen, clame depuis 2006 avec une rage débordante, balançant la douceur légendaire de ses consœurs aux orties. Pianiste de formation, la belle féroce va vite zieuter les charmants chemins du rock, bien moins sages mais tellement plus compatibles avec la rébellion naturelle qui l’anime.
Du coup elle aligne comme références Nine Inch Nails autant que Bach, Chopin et Nirvana, Brel mêlé à Marilyn Manson. Car s’il y a de l’énergie dans ses sons, il y a de la fougue dans ses mots. Poétesse guerrière, dame Nguyen se plaît à dresser le portrait d’héroïnes dignes de Bilal, tout droit sorties du polar Millenium, des Imperator Furiosa typiques, coincées dans une féminité à facettes multiples et antinomiques.
Maternité, beauté, séduction, dureté, masculinité, violence, puissance, solitude, peur de vieillir, de se flétrir, … toute la discographie vomit ce stress permanent d’une femme piégée entre les diktats sociaux et une vérité intérieure qui n’en peut plus d’être cloîtrée. Album éponyme en 2007, L’année du tigre en 2011, entre les deux un label créé pour se produire sans passer par les fourches caudines des maisons de disques (et faire profil bas devant l’industrie???) la belle et ses comparses s’affichent indépendants.
Un EP vient de sortir, qui prolonge cette quête intérieure dans sa fébrilité ; n’attends point de tempérance, public, Ina Ich ne s’est pas calmée, elle a juste gagné en expérience, ce qui décuple sa puissance de frappe. Vive la maturité donc, à l’approche d’un troisième album qu’on imagine et qu’on espère tranchant/cinglant/saignant. Visiblement c’est bien parti pour.
Et plus si affinités