Chers amateurs de dark wave, si vous ne les connaissez pas encore, la découverte des Blind Delon devrait vous secouer les oreilles, le palpitant et les neurones.
On vous avait prévenu, pas de pitié au programme. Le combo toulousain n’a ni ses synthés ni sa basse ou sa boite à rythmes dans la poche quand il s’agit de sortir au kilomètre des rengaines hautement destructrices mais néanmoins élégantes et racées, jusque dans le coup de rasoir final. Mélodies délicieusement sombres, paroles glaciales comme le peu de banquise qui nous reste … ceux qui ont connu les grandes heures de Taxi Girl, Trisomie 21 et Psyche ne seront nullement dépaysés.
Il faut dire que le patronyme choisi par ces messieurs annonce direct la couleur et cela depuis Edouard, la première galette du binôme sortie en 2016. Delon aveugle donc, tout un programme, la tragédie d’un dandy réduit au stade de larve par la malédiction d’une cécité quasi oedipienne. Privés de leurs yeux, nos Tirésias se rabattent sur leurs autres sens, pour notre plus grande exaltation puisque leurs compos naviguent haut et fort sur la crête d’un talent masochiste voué à l’auto dévoration.
Et sur scène, ça donne quoi ? Des multi-instrumentistes ultra raccords, qui torturent cordes et machinas avec la rigueur sadique d’un bourreau échappé d’une nouvelle d’Edgard Allan Poe. Concis, claquant, compact. Crépusculaire. Et quelque part dans la coulisse, Ian Curtis et Daniel Darc écoutent, un pâle sourire satisfait sur leurs lèvres sèches de trop de came et de désespoir. Ils peuvent bouffer en toute quiétude les pissenlits de la postérité par leurs voluptueuses racines empoisonnées, la relève est assurée.
Et plus si affinités