Ceux qui s’y connaissent un peu en Histoire devraient apprécier le patronyme : Dancing Plague endosse volontairement et sans scrupule l’appellation désignant la peste dansante qui frappa Strasbourg en 1518. Et pour ceux qui ignoreraient la chose, un rapide coup d’œil sur le roman Entrez dans la danse de Jean Teulé devrait les mettre au parfum de cet épisode horrifique.
Une disette atroce, une population affamée autant que miséreuse, la folie qui émerge, des déments qui se mettent à guincher des jours durant jusqu’à en mourir … sympa non ? Autant vous dire qu’avec pareille référence, Dancing Plague ne fait ni dans la dentelle ni dans la gaudriole. De la dark wave symcopée et sans fioriture, voilà le quotidien musical de cet artiste situé à Portland.
Et qui se monte plutôt fertile au finish, défrichant avec inspiration des terres techno matinées d’EBM pour composer avec la régularité d’une horloge : Pale World 2016 – Habitual 2017 – Pure Desperation 2018, Sulker 2019, EP et albums s’enchaînent sur son CV jusqu’au dernier To Still accouché fin août 2019 dans des tonalités beaucoup plus sombres (si, si, c’est possible) et surtout bien plus rudes, pour ne pas dire menaçantes.
Le lamento initial propre à « No Drive » ou « Whites of your eyes » a progressivement pris une coloration de chant guerrier, une litanie de serial killer, qui n’est pas sans évoquer les heures sombres de And also the trees. Synthés toujours plus métalliques et agressifs, rythmes funestes, voix gutturale et morbide, textes dépressifs : « Crisis apparition » témoigne de la lente mue vers une alexithymie harmonique qui conviendra aux dark dancefloors où l’on s’oublie volontiers.
Sans néanmoins échapper aux racines puissantes que constitue le répertoire des Joy Division, Psyche, Bauhaus et consort. Bref du lourd pour les nostalgiques des 80’s gothiques qui n’ont plus qu’à éplucher la page Youtube et le compte bandcamp de ce personnage spectral autant que discret pour s’offrir une bonne descente dans le Spleen baudelairien le plus tripant.
Et plus si affinités