Delgres : un trio talentueux, du blues épais et rugueux juste ce qu’il faut, et la rondeur du créole pour en adoucir les contours mais non la vigueur. L’équation musicale établie par Pascal Danaë, Baptiste Brondy et Rafgee enracine sa puissance dans son nom.
Le choix n’est pas un hasard ; libre de couleur, Louis Delgres naît libre dans la Guadeloupe du XVIIIeme siècle pour devenir colonel et s’illustrer dans la lutte contre l’esclavage. Une option hautement symbolique donc et qui entraîne d’évidents engagements. Delgres par définition fusionne blues et liberté, revendique la notion d’indépendance tout en l’interrogeant.
Car l’affranchissement est une chance à saisir et à endosser, ce qui n’est guère aisé et doit être pensé. C’est valable pour l’homme et pour l’artiste. Et a chaque riff de la guitare Dobro du chanteur, les deux destins se confondent, enrichis par sa longue expérience en solo et au sein du groupe Rivière Noire, mais qui questionne finalement sa place dans le monde.
Delgrès vient derrière pour confirmer le point avec un premier album qui dit les choses : cette place justement, il faut se battre au quotidien pour la conserver et éviter qu’on en rogne les contours. Or ce ne sont pas les bouffeurs d’identité qui manquent. Pascal Danaë et ses complices se chargent donc de les renvoyer dans les cordes avec une hargne particulièrement sympathiques en ces temps de colère.
Les douze morceaux de Mo Jodi (« mourir aujourd’hui », excellente track du reste) abordent la question de l’errance, de l’autonomie, du respect, avec profondeur, émotion, espoir … et détermination. Sans même s’en douter, ces messieurs expriment un concept d’autant plus en vogue actuellement que beaucoup s’en considèrent dépouillés : la dignité, non comme un élément de langage vide de sens, mais comme une évidence.
Et plus si affinités
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