Avril 02017 : on est reparti pour une nouvelle session du Printemps de Bourges avec en ligne de mire ces Inouïs qui profilent l’avenir de la musique actuelle française. Parmi la trentaine de lauréats, L’Effondras se distingue avec un rock ténébreux, balançant volontairement entre le contemplatif hypnotique de la drone et la rage puissante du métal. Fusion des genres, hargne émotionnelle consciemment encagée dans l’instrumental qui crie en place des voix et des coeurs.
Les rythmes s’emballent comme des chevauchées maléfiques, cette course des affects les plus haineux, qui disloquent les âmes. Comme son nom le revendique, le trio L’Effondras porte en germe la peur constante de la ruine, la chute à l’oeuvre, inéluctable revers du vivant. Dark western, l’existence vaut la peine d’être vécue par cette inquiétude latente, l’angoisse du néant, ce cercle traversé d’un point, cible, macrocosme, trou noir, qui sert d’emblème et de totem au groupe.
A la limite de la transe mystique, L’Effondras, paradoxalement s’élève, hissant ses auditeurs éberlués vers des sommets inconnus et terribles. Colère, exaltation, vengeance, destruction, il sommeille dans ces accords une puissance létale qui rien ne peut stopper sinon elle-même. C’est la menace latente de cette désintégration qui fait le prix des compositions étalées sur trois disques, les deux premiers éponymes, le dernier intitulé Les Flavescences comme un appel d’air sur un incendie.
A n’en pas douter, Pierre Lejeune, Pierre Josserand et Nicolas Bernollin endossent cet élan vers le feu purificateur, fiers de porter ce patronyme digne de la pire chimère, d’une malédiction antique. Ils trancheront sûrement avec des groupes plus conventionnels, n’étant guère à la portée du premier venu. Mais leur sonorité saura conquérir le public qu’elle réclame, car le besoin est pressant d’un rock aussi habité, vibrant comme un spectre quand apparaît l’aube.
Et plus si affinités