Ombre tutélaire de la Factory, ne sors surtout pas de ces âmes ô combien inspirées par tes mannes échevelées ! Car chaque morceau de The Hecks porte en germe la folie illuminée du Velvet aux grandes heures de « Venus in furs », tandis qu’un Ian Curtis enfin souriant adoube secrètement ce trio héritier dark incontestable.
Par la rythmique hypnotique, la tessiture de la voix, la longueur de ritournelles obsédantes dans la répétition de la mélodie (les instrumentaux ne manquent guère), le son même des guitares à la fois saturé et cristallin, The Hecks from Chicago tracent un sillon bourbeux et cristallin, qui prend sa source dans Trust and order et The Hecks, deux EP datés de 2013, d’où émerge le LP The Hecks dont l’enregistrement s’est étalé de 2014 à 2016.
Un enregistrement DIY mené de main de maître par les trois musiciens Andy Mosiman, Zach Hebert et Dave Vettraino dans la maison de ce dernier, pensé comme une somme, recueilli et énervé, exigeant sans être rigoriste, dément mais jamais exalté. « The Thaw », « Rockwell nudes », « Trust and order », le magnifique « Spooked// Lights » répondent avec harmonie aux terrifiants « Landscape photography », « Favor » et « Tea »dans une antinomie sonore saisissante.
La maturité mélodique du groupe est impressionnante, son refus des conventions et des codes total. Investis et habités, ils composent et jouent, peu importe ce qui se passe, comme par nature, complices et gémellaires. Pareils à des enfants candides et cruels, un brin mystiques, illuminés sans même le savoir, d’une quiétude totale au moment du chaos …
Et plus si affinités