Bah oui : on vous a parlé du projet, des enregistrements, du CD, du mode de diffusion, … tout ça c’est bien beau mais en règle générale, ça sert pas à grand-chose si ça ne finit pas sur une scène.
Réalité du business musical : une sortie d’album sans tournée, c’est un peu mince. Et une tournée ça se prépare. De même que le live qui va n’avec. Et le live se peaufine … en résidence. Pas virtuelle ni médiatique celle-là. Bien concrète au contraire. Avec des objectifs, une durée, des moyens. Des locaux, un programme de travail, des problèmes à régler.
Les Rustres n’ont pas dérogé à la règle, intégrant 9 jours durant la MJC Passerelle.
Nous avions en parallèle préparé nos questions, soumises au groupe à leur retour. Histoire de comprendre et d’expliquer ce que représente réellement une résidence et les enjeux qu’elle porte.
Exposé et résultats signés de la main de la Cam’, en mode bilan.
Qu’est ce qu’ une résidence?
C’est une période de travail de plusieurs jours dans des conditions idéales pour un groupe. Les musiciens sont généralement nourris, logés et bénéficient d’une salle de spectacle pour travailler la scène.
Qui ? Où ? Quand ?
La résidence s’est faite dans le cadre d’un accompagnement artistique de l’association Pavé (Scène Conventionnée de Musiques actuelles en Val de Fensch), en partenariat avec la MJC Passerelle de Belleville-sur-Meuse.
Nous avons travaillé à la MJC Passerelle pendant 9 jours, nous étions logés dans un gîte à 5 min de la MJC, puis chez des amis. Nous avons ainsi pu travailler presque 24h/24.
Quel objectif ?
Mettre en place le nouveau spectacle “Un peu d’air”, avec plusieurs accompagnants :
-Nicolas GARDEL, technicien Son
-Daniel SNEED, musicien conseil
-Sonia SAVARY, coach scénique
Tableau de bord :
1ère partie “Travail du Son et Technique” (du 21 au 23 octobre), avec Nicolas GARDEL.
Nico est notre nouvel ingé son, nous avions besoin de tout remettre à plat avec lui afin d’avoir le meilleur son possible sur scène et dans nos oreillettes.
Pendant ces 3 jours, nous avons réglé tous les aspects techniques, chanson par chanson. Une fois les réglages faits, nous jouions les chansons, une par une, Nico les enregistrait, nous les écoutions et revenions ou non sur certains réglages ou effets.
ça a l’air simple comme ça, mais c’est un sacré bazar à bien sonoriser La Roulette ! En plus, aujourd’hui on se sert pas mal d’électronique, ça rajoute des instru (comme s’il n’y en avait pas déjà assez) et donc des réglages pour l’ingé son.
Nico a alors pu établir une fiche technique liée au nouveau spectacle. Une fiche technique, c’est ce qui va indiquer à ceux qui nous font jouer chez eux tout ce dont on a besoin sur scène (taille de la scène, temps d’installation et de balances, nombres de câbles, placements des micros…).
2ème partie “Travail de cohésion et d’équilibre musical” (du 23 au 25 octobre), avec Daniel SNEED.
Les réglages techniques étant désormais faits, nous avons pu poursuivre la résidence avec Daniel. Sa mission était de réajuster et trouver l’équilibre instrumental entre les différents musiciens, en cohésion avec les différents instruments utilisés, ainsi que l’équilibre des voix.
En effet, quand Daniel est arrivé, il nous a demandé de lui jouer 5 ou 6 chansons, reflétant à peu près l’éventail de nos différents styles musicaux. C’était un peu difficile de jouer devant quelqu’un qui vous observe et qui prend des notes sans remuer la tête ou le pied sur le rythme de la musique, mais bon…il ne venait pas pour ça ! Nous avons ensuite fait un debriefing sur ce qu’on venait de lui jouer. Son verdict a été net : c’est un sacré bordel !
Daniel a mis le doigt sur quelques points que nous ne voyions plus. Evidemment, la tête dans le guidon, il nous est difficile de prendre du recul et d’avoir une écoute objective de notre musique. Il nous a fait prendre conscience qu’en fait, nous ne nous écoutions pas jouer les uns les autres, que chacun jouait sa mélodie dans son coin, le plus fort possible, et que le résultat pouvait être facilement amélioré si on prenait juste la peine de s’écouter. Il a également pointé du doigt le fait que toute notre énergie était dispersée, mal utilisée sur scène, et qu’on allait travailler ensemble là dessus aussi.
Pendant plusieurs jours, Daniel nous a fait faire quelques exercices pour travailler notre oreille, il nous a aussi donné quelques conseils pour retrouver rapidement la patate quand on a un p’tit coup de mou et qu’il faut monter sur scène, des techniques d’échauffements corporels et vocaux. Puis il nous a fait penser notre musique en terme de “strates sonores”: définir sur chaque chanson, quel instrument doit occuper la strate supérieure (celle que l’auditeur va entendre plus que le reste), puis jouer la chanson en respectant ces strates. C’est là qu’on s’est rendu compte qu’en fait, on avait complètement oublié les nuances et qu’effectivement, chacun de nous jouait son truc, à fond, du début à la fin. Il ne peut donc effectivement pas y avoir de variations dans nos chansons si on ne nuance rien !
Durant ces 3 jours, Daniel nous a fait travailler notre posture. Pour “envoyer” quelque chose au public, on ne peut pas être avachi, ou sauter dans tous les sens. Non, il vaut mieux être bien droit et envoyer notre message bien en face du public ! Peu de choses suffisent pour nous donner une présence et de la prestance en restant statique, afin de concentrer toute notre énergie dans notre voix et notre musique.
3ème partie “Travail scénique” (du 28 au 31 octobre), avec Sonia SAVARY.
Bien armés pour perfectionner notre technique musicale et organiser nos chansons, nous pouvons désormais accueillir Sonia qui va s’occuper de la mise en scène et de la dynamique du spectacle, travaillant sur nos postures et les transitions entre nos chansons, en collaboration avec Gillian DUDA, notre technicien lumières.
Nous commençons le travail en présentant à Sonia un filage complet de notre spectacle, dans son état actuel. Comme si nous étions en concert. Puis vient le debriefing : notre prestation a soulevé plusieurs “soucis”. Tout d’abord, Sonia nous fait remarquer qu’il n’y a pas vraiment d’”énergie collective” dans notre spectacle. Chacun fait des trucs dans son coin mais cela manque d’homogénéité. Notre positionnement sur la scène (en ligne devant la scène) ne facilite pas la communication entre nous, et créé une sorte de mur infranchissable. Nous avons souvent le regard qui se balade et nous n’accrochons pas assez le public.
Plus motivés que jamais, on se remet donc au travail. Notre “mur” s’arrondit en reculant légèrement les micros des garçons et formant ainsi un arc de cercle favorisant les échanges. Et nous attaquons chanson par chanson le travail scénique. Sonia ne tient pas à nous faire faire du théâtre ou jouer des rôles qui ne correspondent pas à nos personnalités. Elle va juste nous aiguiller individuellement pour que le résultat donne une belle dynamique collective et qu’à aucun moment le public ne décroche. Après de nombreuses heures de travail, nous re-présentons notre “nouveau” spectacle à Sonia, Gillian et Nico qui nous a rejoint. Comme en concert, mais avec toutes les petites choses que l’on vient de voir ensemble, et avec une nouvelle set list (l’ordre des chansons).
En descendant de scène, Nico nous confie qu’en voyant ce que nous venions de faire, il s’était tout simplement pris une claque! Gillian a versé quelques larmes… autant dire que le résultat semble satisfaisant. Le lendemain, nous revoyons quelques détails à perfectionner, puis nous recommençons tout le filage. Cette fois, on le filme, pour pouvoir voir nous mêmes le résultat et conserver une bonne base de travail.
Le spectacle complet, ca c’est fait !
Il nous reste maintenant à voir le set de 30 min ! En effet, le résultat de notre résidence sera présenté lors d’un Showcase de 30 min, à destination des professionnels, le samedi 19 novembre 2011, à 16h30, à la MJC de Belleville, durant le festival “La Cafetière, festival sans filtre”. On sélectionne les morceaux qui composeront ce set de 30 min, puis nous les enchaînons avec la mise en scène. Problème !! Nous arrivons à 45 minutes. Il faudra donc en retirer.
Comment cette période de résidence vous a-t-elle aidés ?
La résidence nous sert à nous consacrer exclusivement à la musique et au travail sur scène pendant une dizaine de jours, sans penser à rien d’autre. Un peu coupés du monde pendant quelques jours, on travaille beaucoup, on dort peu, on apprend beaucoup…
En temps normal, ce n’est pas possible. Mobiliser tout ce petit monde pendant une dizaine de jours n‘a d’ailleurs pas été de la tarte, il a fallut conjuguer avec les disponibilités de chacun.
Cela nous a aidés sur plusieurs points :
– le son que le public va entendre est désormais celui que nous voulions qu’il entende. Par manque de temps consacré au son, tout n’était jamais parfait, certains instruments mal sonorisés, des problèmes techniques non résolus… là, cette fois, on est tous satisfaits du résultat. Et puis, pour nous, le son que nous avons dans nos oreillettes étant réglé chanson par chanson, c’est devenu super confortable !
– Daniel nous a fait ouvrir les yeux (et surtout les oreilles) sur des choses qui aujourd’hui nous paraissent évidentes, mais que nous ne voyions (ou n’entendions) plus. Mais il nous reste beaucoup de travail, pour “digérer” tous ces conseils et les mettre en application à chaque répet’, à chaque concert.
– Avec Sonia, nous avons eu des clés pour réussir à “captiver” le public, faire en sorte qu’il ne décroche à aucun moment du spectacle. Le plus difficile va être d’appliquer tous ces conseils: ceux de Daniel qui visent à nous recentrer sur notre musique et à ne pas disperser notre énergie, et ceux de Sonia qui visent à rendre le spectacle dynamique.
Vers quelle orientation va le spectacle?
Le spectacle prend une toute autre tournure. Nous restons évidemment nous mêmes, mais nous canalisons notre énergie afin que la musique n’en pâtisse pas, tout en veillant à garder la dynamique travaillée. Mais je n’en dirai pas plus ! Il va falloir venir voir ce que ca donne lors de nos prochains concerts !
Au nom du groupe, je tiens à adresser de très grands “merci!!!!!!” à tous les acteurs de la résidence: l’association Pavé, la MJC du Verdunois, Marina, Gillian, Nico, Daniel et Sonia.
Grâce à toute cette belle équipe, la résidence s’est passée dans une ambiance très agréable.
Beaucoup de boulot, c’est sûr, mais on était venus là pour ça!
Beaucoup de remises en questions, c’est sûr, mais on était là pour ça!
Du travail à faire à la maison, c’est sûr, mais on était là pour ça!
Et une super ambiance !!!!! On n’était pas spécialement là pour ça, mais ça aide beaucoup.
Avec tout ca, on espère que La Roulette Rustre réussira enfin à prendre un peu d’air !!!!
Merci à Camille pour ses réponses et aux Rustres pour les photos.
Et plus si affinités
Un peu d’air – La Roulette Rustre
Un peu d’air – La Roulette Rustre : le souffle du changement ?
Un Peu d’air – La Roulette Rustre / Chapitre 1 : mieux que des sources, un socle
Un peu d’air – La Roulette Rustre / Chap. 2 : Histoire d’un enfantement
Un Peu d’air – La Roulette Rustre / Chapitre 3 : Berderol … une histoire, un héros
Un Peu d’air – La Roulette Rustre / Chapitre 4 : un nouveau type de chanson ?
Un Peu d’air – La Roulette Rustre / Chapitre 5 : spécial relooking.
Un Peu d’air – La Roulette Rustre / Chapitre 6 : la clé du chant
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