Il y a des artistes qui désirent cerner l’essence même de l’imaginaire. Vallesia Obscura agrippe cet imaginaire, le tord, l’ingère, le régurgite … à travers les yeux d’une intelligence artificielle. «In search of Beauty in the Dark» : envoûtantes, troublantes, les œuvres qui en résultent transcendent les frontières de l’art numérique pour nous emporter dans un univers ténébreux, fantastique, surréaliste, où la technologie devient le médium ultime de la création. Mais ne nous y trompons pas : derrière chacune de ces vidéos, il y a une vision humaine profondément intime, celle d’une artiste qui explore les coins les plus sombres de l’âme humaine, les peurs non avouées et les rêves inaccessibles.
Une esthétique de l’obscur
Le premier contact avec les œuvres de Vallesia Obscura, que ce soit via ses vidéos ou ses créations visuelles, laisse une impression indélébile. Son compte Instagram est une galerie de visages émaciés aux yeux écarquillés d’horreur, où les silhouettes se disloquent, les membres se diluent en un long cauchemar. Des figures humaines déformées, des paysages nocturnes à la fois familiers et étranges, des créatures hybrides flottant dans des limbes numériques : Vallesia excelle dans l’art de l’inconfort visuel. Ses oeuvres ne sont pas là pour rassurer, mais pour interroger par le malaise qu’elles suscitent.
Inspirée par les thèmes du fantastique, du gothique et du surréalisme, elle puise dans des références culturelles variées, allant des œuvres de Goya à celles de David Lynch en passant par l’expressionnisme allemand. La manière dont elle fusionne ces influences avec l’intelligence artificielle est tout simplement fascinante. Son travail nous renvoie à la question fondamentale : quelle est la place de l’humain dans un monde où les machines peuvent créer, interpréter et redéfinir l’art ?
Alchimie artistique
Ce qui distingue Vallesia Obscura des autres créateurs numériques, c’est justement l’utilisation qu’elle fait de l’intelligence artificielle. Elle ne se contente pas de manipuler des outils technologiques ; elle collabore littéralement avec la machine pour produire des œuvres qui semblent sortir d’un autre monde. Chaque vidéo est une exploration de ce que l’IA peut produire lorsqu’elle est guidée par une perception artistique forte et radicale.
Dans l’univers de Vallesia, l’IA ne remplace pas la main de l’artiste, elle l’amplifie, un peu comme le ferait la potion du Dr jekyll. C’est là tout le paradoxe de son travail : générées par des algorithmes, les images portent en elles une empreinte humaine palpable. Les textures numériques, les mouvements saccadés, les atmosphères inquiétantes qui caractérisent ses vidéos révèlent un contrôle minutieux, une maîtrise technique qui tirent parti des glitches, des erreurs pour en faire des éléments de monstruosité. L’IA, ainsi dirigé, devient une sorte d’alchimiste moderne.
Entre fascination et malaise
Scruter une création de Vallesia Obscura, c’est entrer dans un espace liminal, onirique et cauchemardesque, où le réel se dissout dans l’imaginaire. Ses vidéos, courtes (format reel) mais intensément visuelles, dépeignent des mondes aux frontières poreuses, où les formes humaines se métamorphosent en créatures chimériques et où la lumière vacille comme dans un souvenir enfoui.
La beauté esthétique élaborée par l’artiste suisse contraste avec le malaise que suscitent les scènes qu’elle compose. Ses personnages, souvent solitaires, semblent pris dans une boucle infinie, prisonniers d’un univers qui se dérobe constamment sous leurs pieds. C’est une expérience immersive, presque hypnotique, qui nous fait naviguer entre le familier et l’inconnu, entre ce que nous sommes prêts à voir et ce que nous préférerions éviter. Au coeur de cet univers, la métamorphose dans ce qu’elle a de plus déroutant, de plus menaçant, de plus magnétique.
L’IA est-elle l’avenir du dark art ?
Avec Vallesia Obscura, l’intelligence artificielle devient un outil de déconstruction/reconstruction du réel. La technologie n’est plus seulement un moyen d’exprimer des idées ; elle est partie intégrante de l’œuvre elle-même, elle en est la texture et le souffle, la raison d’être, le principe. Les créations de Vallesia posent la question essentielle du rôle de l’artiste dans un futur où la machine devient créatrice.
Son travail résonne fortement avec les questionnements actuels sur l’intelligence artificielle et l’automatisation de la création artistique. Jusqu’où peut-on pousser cette collaboration avec la machine ? L’IA peut-elle vraiment comprendre l’art, ou n’est-elle qu’un outil sophistiqué manipulé par l’artiste ? Vallesia, elle, semble avoir trouvé une réponse : l’art, le dark art a fortiori, reste fondamentalement humain, même lorsqu’il est créé par des algorithmes qui demeurent des outils.
L’IA, muse et outil ?
L’ensemble de son œuvre témoigne d’une maîtrise poétique et philosophique qui démontre que l’avenir de l’art, loin d’être effacé par la technologie, sera enrichi par elle. Vallesia Obscura est une artiste qui ne craint pas d’explorer les ténèbres, tant extérieures qu’intérieures, et l’IA l’aide dans ce périple, lui ouvre des portes, déffriche de nouveaux chemins esthétiques. Il s’agit d’offrir un miroir à nos propres peurs et fascinations, tout en repoussant les limites de la création numérique.
La collaboration avec l’intelligence artificielle ne fait pas que produire des images spectaculaires ; elle génère une réflexion sur ce que signifie créer dans un monde où la technologie est omniprésente. Dans son univers, l’IA n’est pas une menace, mais une muse qui nous pousse à explorer les recoins les plus sombres de notre psyché. Et dans ce dialogue entre l’artiste et la machine, c’est l’art qui en ressort, vibrant, mystérieux et envoûtant.
Pour en savoir plus sur l’univers de Vallesia Obscura, consultez sa page Instagram ainsi que son site web.
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