Backrooms : comme nous l’avons expliqué dans un autre article, ces arrière-salles ont joué un rôle essentiel dans la constitution de la communauté gay. Ces espaces discrets installés en annexe des bars et des saunas ont favori les rencontres, l’exploration d’une sexualité longtemps réprimée et criminalisée. Un temps frappée par l’épidémie de SIDA, la backroom n’a jamais complètement disparu. Elle n’en demeure pas moins confidentielle. Le photographe Vincent Couderc a cependant réussi à y glisser son objectif.
Esthétisme et documentaire
Photographe français désireux de documenter la modernité sous toutes ses formes, Vincent Couderc a conçu la série intitulée «Backroom », réalisée entre 2010 et 2012, comme une immersion visuelle dans l’intimité des arrière-salles de bars gays à Paris et Toulouse. Au sein de ces espaces discrets et nocturnes attenant à des bars, les clients peuvent se rencontrer dans l’obscurité pour des interactions intimes, encourageant en cela la liberté de mœurs et l’expression sexuelle. Il s’agissait donc de capturer l’essence de ces espaces à travers des photographies qui mêlent esthétisme et documentaire.
Mystère et intensité
Longs couloirs, portes sombres, carrelage blanc, lumière rouge, néons bleus, les compositions, soignées saisissent des salles, un lit, un sling, des chaînes pendant du plafond… tous les accessoires d’une sexualité parfois extrême, où le mystère, l’intensité sont de mise. Désireux de dépasser le caractère souvent stigmatisant de ces lieux, Couderc met en exergue la complexité des relations qui s’y nouent, la richesse symbolique des décors, la quête intérieure des usagers. Les visages, les silhouettes se perdent dans l’ombre, ténus, fragmentés.
Cet obscur objet du désir
Comme en quête de soi ? Fantasmagorie, questionnement, de cliché en cliché, le spectateur scrute cet univers énigmatique, parfaite illustration de « cet obscur objet du désir » selon les termes de Buñuel. Pas voyeur directement ni volontairement, curieux cependant, imaginant ces espaces s’animer au gré des envies, des rencontres. Quelque chose de l’ambiance du film Cruising de Friedkin ? Il y a de ça, tandis que les décors passent devant nos yeux, depuis la piscine luxueuse jusqu’au donjon le plus dépouillé.
Pour découvrir l’intégralité de la série « Backroom » et en savoir plus sur le travail de Vincent Couderc, vous pouvez consulter son site officiel.
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