« Only the lonely » : le titre du hit de Roy Orbison convient parfaitement à la rétrospective consacrée par le Pavillon Populaire de Montpellier au photographe William Gedney. Une première européenne pour cet artiste américain à part, témoin sensible des 60’s dans leurs plus profonds bouleversements.
Discrètement présent aux côtés de Diane Arbus, Gedney saisit en noir et blanc une Amérique qui bascule dans la modernité avec bien des difficultés. Émergence de la beat generation, mouvement hippie, prémices du combat LGBT, crise économique, Gedney sillonne l’Amérique profonde jusque chez les mineurs du Kentucky, frappés par le chômage, pour élargir progressivement son champs d’action à l’Europe, à l’Inde.
Adepte de l’immersion, il se plonge dans le quotidien de ses modèles, les regarde sans jamais les scruter ou les juger. Cet observateur concerné cerne l’élan indomptable de la jeunesse, qu’aucune convention n’arrête. La contemplation des corps excède l’attirance homosexuelle pour dévoiler une sensualité humaine globale, le mystère des attirances, les rêves à l’œuvre.
Sa série sur les grands compositeurs américains, restée sans suite, révèle un talent de portraitiste animé du besoin de saisir toutes les nuances du créateur entre imagination et quotidien. Frappé par le sida, Gedney s’éteindra dans l’indifférence, victime d’une société sans pitié qu’il a contribué à documenter avec humanité et discrétion. Il était largement temps de lui rendre justice.
Et plus si affinités
http://www.montpellier.fr/evenement/20389/3625-exposition-william-gedney-au-pavillon-populaire.htm