
Wolf Hall: on en était resté à l’éblouissement d’une première saison somptueuse et juste à tous les égards. Pour tout dire, j’attendais le second volet des aventures de Thomas Cromwell au pays du pouvoir avec une impatience à peine contenue. Autant dire que mon cri de joie, en voyant les premières images de la saison 2 poindre sur le compte Instagram de la BBC, fut claironnant. À juste titre ! Ce second volet est à la hauteur du premier, pour évoquer l’ascension du célèbre ministre… et sa chute.
Préserver le pouvoir
Reprenant le format de son prédécesseur, ce deuxième volet évoque en six épisodes le parcours de Cromwell au lendemain de l’exécution d’Ann Boleyn. Apprécié d’Henry VIII dont il sait gérer le caractère pour le moins retors, proche de la nouvelle reine Jane Seymour, Cromwell n’est pourtant pas ce qu’il y a de plus serein. Il faut dire que la période est pour le moins complexe, secouée par les vents changeants de l’Humanisme, la Renaissance qui rebat les cartes politiques. Pétri de savoir, adepte de Machiavel, formé par feu le cardinal Wolsey, la puissance de Cromwell en gêne plus d’un, de même ses méthodes.
On n’aime guère ce parvenu éduqué et discret, froid et calculateur, humain et bienveillant pourtant. Issu du ruisseau, il est particulièrement mal vu parmi les rangs d’une haute noblesse jalouse de ses privilèges et désireuse d’avoir l’oreille d’un monarque pour le moins imprévisible. Accusé de vouloir s’emparer de la couronne en courtisant Mary Tudor, fille d’Henry VIII et de Catherine d’Aragon, ex souveraine répudiée de la plus odieuse des façons, Cromwell fait des pieds et des mains pour préserver le pouvoir aux mains d’une dynastie qui peine à se construire.
Une marche à l’abîme
Cela lui sera fatal (non, je ne spoile pas, ceux qui connaissent un peu l’histoire de la Grande Bretagne savent le destin de Cromwell, porté au plus haut rang avant de tomber en disgrâce et d’être exécuté comme traître). Toujours inspirés des romans d’Hilary Mantel, les épisodes de la seconde saison évoquent cette marche à l’abîme, la solitude, le remord, la culpabilité. Profondément épris de justice et de vérité, Cromwell se heurte à la bassesse, aux complots, à la bêtise. Seul contre tous, il fait fi des signes, des avertissements.
Mais se battra comme un lion jusqu’à la dernière seconde, avant d’embrasser son destin. Exceptionnel, Mark Rylance reprend ce rôle difficile auquel il apporte nuances et finesses. Face à lui, Damian Lewis, Henry VIII hypocrite et manipulateur, impitoyable. La tension est palpable, les rapports de force appuyés. Les scènes de confrontation brutale alternent avec les moments tragiques, la mort de Jane notamment, un effondrement pour Cromwell pour qui elle était bien plus qu’une proche.
Vulnérabilité et duplicité
Dans ces décors splendides, saturés de richesses, presque étouffants, le coût humain et moral des ambitions politiques s’accroît. Si les séquences de cour sont flamboyantes, affichant la splendeur du pouvoir royal, l’ombre des couloirs est beaucoup plus oppressante. Les figures historiques, souverain, reine, conseillers, s’éloignent des stéréotypes habituels pour exprimer une ambiguïté morale problématique où l’émotionnel est toujours confronté au politique.
Les confrontations verbales, les stratégies de manipulation sont minutieusement orchestrées, presque chorégraphiées, rappelant que le pouvoir, dans cet univers, n’est jamais acquis sans compromis. C’est cette dimension humaine – la vulnérabilité et la duplicité qui cohabitent en chacun – qui rend la série particulièrement captivante.
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